Un point de vue

                                               

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Une vérité historique qui gêne ....                        .......  voir aussi     Batsa ya Itsandra
 
Le sous-sol de la ville de Ntsaouéni nous livre ses secrets. En effet voici un extrait écrit dans la plupart des médias comoriens en décembre 2011 : 
 
" Le jeune étudiant, natif de Ntsaouéni, Moustakim Ibrahim est en Master 2 d’archéologie à l’Université de Dar-es-Salam. Grâce à ses recherches pour une validation de son diplôme, l’histoire de la localité va prendre de nouvelles dimensions. Accompagné de son encadreur, le professeur Felix Chami, il a entrepris des fouilles archéologies à Ntsaouéni qui vont dans le sens de confirmer la thèse de l’islamisation des Comores à compter du 7ème siècle et qui risquent bien de bouleverser l’histoire de la civilisation de l’Islam dans la région orientale de l’Afrique."
 
Je ne peux que remercier cet étudiant comorien pour avoir accepté de nous faire partager les résultats de ses recherches. Il nous a accordé la possibilité de parcourir des extraits de son mémoire soutenu en mars 2012 en Tanzanie.
    
Je porte ma pensée à notre regretté Fundi Youssouf Ahamada, natif de Ntsaweni et qui nous a quitté en décembre 2007. Qu'il repose en paix. Il était l'un des plus grands intellectuels religieux des Comores. Il a sacrifié la notoriété nationale que pourrait lui offrir ses compétences religieuses au détriment de la vérité que certaines personnalités comoriennes cherchent à étouffer. Ibrahim Moustakim l'a rappelé dans la rubrique Mosquée Mtswa-Mwindza :
 
" La tradition orale des Comores notamment celle de Ntsaoueni rapporte  que cette mosquée bâtie à la chaux et du sable blanc de la mer d’être la première mosquée de vendredi de l’archipel après avoir été construite par Mtswa-Mwindza à son arrivée de la Mecque au 7eme siècle où il a appris la religion musulmane, l’architecture, l’art de préparer la chaux, et autres connaissances (lire la partie de Mtswa-Mwindza)."
 
"Par ailleurs, certains chercheurs locaux et étrangers nièrent et rejetèrent complétement l’existence de Ntsaoueni et de Mtswa-Mwindza au siècle de l’avènement de l’islam. Tous se reposaient sur la description des mures de la mosquée en question en rejetant la tradition orale citant Mtswa-Mwindza et sa mosquée au 7eme siècle. "
               
Fundi Youssouf Ahamada est malheureusement parti avant de vivre les preuves scientifiques rapportées par cet étudiant comorien, réconfortant ainsi la thèse transmise par ses aïlleux et qu'il a toujours défendue corps et âme pendant toute sa vie. Nous aurons l'occasion de lire sa biographie sur ce site très prochainement.
       
Ntsaweni, c'est aussi des hommes et des femmes qui se reconnaissent héritiers naturels de leur père Mtswa-Mwindza. Cet héritage s'étend de la tradition à la culture mais aussi à la politique nationale. La révolte de Mbude à l'époque coloniale alors que les Comores jouissaient de l'autotomie interne, illustre la capacité de ce peuple à se mobiliser et à se défendre.
    
En fait, fatiguée de se faire représentée à l'Assemblée Nationale  par des créoles et sans être consultée,  notre région a décidé de mettre fin à cette pratique.  Elle a choisi Monsieur Soidiki Hadji pour les représenter à cette assemblée. Cette volonté populaire est considérée comme un affront par les autorités de l'époque. Ainsi le Président de l'époque, Said Mohamed Cheikh, a décidé de mater par des armes cette rébellion en mobilisant ses Gardes-Comores encadrés par des légionnaires français pour  arrêter celui qui est considéré comme responsable du désordre national. C'était une nuit de combats rudes. L'objectif recherché n'a pas été atteint car Monsieur Soidiki Hadji  est resté libre sous la protection de la population de Mbude. Tous ces militaires sont partis bredouille et n'ont pas tenté de remettre les pieds à Ntsaweni.
  
Du sang des enfants de Mbude a coulé mais les Comores ont, depuis,  joui  le début de la démocratie et pouvaient choisir leurs députés par les urnes. Mbude s'offre la paternité de la démocratie aux Comores.  Mohamed Hassan Mohamed Mchangama, un artiste unique en son genre et natif de Ntsaweni, a immortalisé cette révolte par une chanson que vous entendez un extrait en lisant cette page. Cette chanson a été interprétée le jour de la réconciliation. Elle a fait des vagues et continue à le faire depuis. C'est une chanson devenue un icône nationale.
   
Mohamed Hassan Mohamed Mchangama est un héritier de la voie tracée par Mtswa-Mwindza. C'est un autodidacte en violon et en udi (instrument à cordes) joués dans les pays arabes et à Zanzibar. C'est le premier comorien qui a composé et interprété des chansons de twarab en comorien. Ses chansons sont toujours d'actualité et continuent à faire des vagues et à faire vibrer les cœurs de ses fans toujours nombreux. Les nouveaux artistes les chantent, les mixent ou les adaptent en rappe. Il est aussi le premier comorien à avoir fait sortir des disques vinyles.
 
Ntsaweni peut se vanter être la première ville aux Comores à  lutter contre l'illettrisme en organisant pendant les vacances d'été, des cours d'alphabétisation dans la région de Mbude. Les lycéens de la ville ont été les initiateurs de ce combat contre l'ignorance et l'illettrisme depuis 1972. Le cinéma, le théâtre et d'autres loisirs comme le carnaval, la pétanque, ..... étaient des pratiques quotidiennes à Ntsaweni. Les résultats scolaires étaient très brillants. Le sport occupait également une place importante. la jeunesse jouait le ballon rond mais pratiquait aussi les arts martiaux importé de Japon par le regretté Mmadi Moegni Aziri, ancien journaliste comorien, entre autres activités.
    
Ntsaweni était considérée comme ville du savoir et de liberté. Rappelons qu'à l'époque royale, Mbude était le seul et l'unique royaume comorien qui n'abritait pas des esclaves. C'est une région où l'égalité pour tous était pratiquée et que les partielles des trains étaient distribuées proportionnellement à l'effort fourni au royaume par le citoyen ou le guerrier. Dans le palmarès de cette ville, nous pouvons ajouter le premier lycée communautaire aux Comores construit en 1998,c'est à Ntsaweni, la première radio périphérique, toujours à Ntsaweni. la première association communautaire de gestion en 1986 est créée dans cette même ville et à l'heure actuelle une commission d'audit est en action, encore une première aux Comores.
Cette investigation scientifique à cette échelle est aussi une première aux Comores. C'est à Ntsaweni qu'elle a été initiée. C'est la loi des séries. A suivre .......
 
Pour finir, Mtswa-Mwindza n'est pas un être mythique, mais c'est une personnalité réelle et courageuse qui a laissé son héritage aux enfants de Ntsaweni depuis le 7ème  siècle. Le sous-sol de Ntsaweni, ville des pierres, a voulu protéger sa richesse culturelle en la cachant dans son ventre, à l’abri de certains détracteurs insouciants et inconscients animés d'une seule pensée : détruire ce qu'ils n'ont pas construit au nom d'un pseudo-modernisme hypothétique. Quand on pense que c'est au 20ème siècle que les ruines du royaume Darambwani ont été rasées et que le fresque unique en son genre de la mosquée Djumbe Fumu a été couvert de peinture par une partie de la population, il y a de quoi à faire frémir.
 
Protégeons les quelques traces restantes en surface et interrogeons notre sous-sol
pour apprendre davantage.
 
Nice, le 31 mars 2012
Par BMK

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